Solange Tellier est charentaise. Professeur des écoles, elle collabore également à la rédaction d’articles pour les quotidiens de la presse régionale. Son parcours littéraire débute par la poésie,
celle-ci se trouvant régulièrement récompensée lors de concours régionaux et nationaux. En 2013 les Amis de Verlaine lui décernent la Mention d’Honneur. Elle est citée dans l’anthologie des poètes
par l’Atelier de Poésie de Cognac. Un premier roman voit le jour en 2011 : Si le Theil me racontait préfacé par Yves Duteil. En 2012 elle affirme sa plume poétique et sensible dans Fleurs
d’étoiles. En 2014 Premier été est publié par la Compagnie du Livre chez Geste Editon.
Son actualité littéraire est consultable sur le net : http://siletheilmeracontait.wordpress.com
et ses poésies sur http://a-l-est-un-peu-de-nouveau.over-blog.com
Illustration de couverture : Ansatu Schlumberger (artiste peintre – Vaison la Romaine)
ISBN : 978-2-9543089-0-6
Date de parution : Octobre 2012
Résumé
Quelque part en Lozère, il est un endroit où la terre flirte partout avec le ciel, où les anges quand ils se peignent mêlent leurs cheveux à l’herbe de la steppe, où les brebis plus nombreuses que
les hommes se confondent avec les pierres. Là-haut, Christian le berger veille sur son troupeau, sur les animaux et les fleurs du Causse, sur les étoiles aussi. Un matin, il fait une étrange
rencontre. Qui est cette jeune fille endormie au pied du menhir. Entre les deux êtres exceptionnels une amitié va se tisser. La mystérieuse voyageuse livrera-t-elle son secret ?
Fleurs d’étoiles est un roman qui oscille entre réel et imaginaire. Le Causse Méjean est évoqué avec poésie et sensibilité. Des dessins originaux de l’auteur, deux pages album-photos complètent l’ouvrage dont la couverture est l’œuvre d’Ansatu Schlumberger, artiste à Vaison-la-Romaine. Quatre poésies ainsi que des illustrations de l’auteur ont été ajoutées en point d’orgue dans les dernières pages de l’ouvrage
Extrait
La lune a quitté son habit de lumière dorée et s’est vêtue de transparence. Elle semble avoir suspendu sa course pour se faire, gardienne bienveillante de cette mer de la Tranquillité déserte et silencieuse. La quiétude pourtant cède sa place. Des voix s’élèvent, l’une après l’autre. Depuis le sol où elles prennent leur inspiration, elles montent et glissent, d’abord timides, le long des talus, s’immiscent entre les taillis, puis s’enhardissent et s’accrochent aux pierres sorties des entrailles de la terre. Elles se cherchent, s’accordent, se répondent. Peu à peu le concert prend forme. Ici. Là. Plus haut. Plus bas. Mais où donc se cachent les musiciens ? Où donc se trouve le piédestal sur lequel le chef d’orchestre a pris place? Est-il perché tout là-haut sur la colline ? Est-il installé sur un de ces clapas, ces pierres que les hommes ont sorties de la terre et rassemblées en tas pour rendre les champs plus faciles à cultiver ? Si le récital semble à la fois improvisé et sans cohésion spatiale, il n’en est pas moins une mélodie aux accords parfaits, synchronisés, au tempo syncopé comme réglé par un métronome. Le chœur peu à peu se met en place tel un orchestre symphonique dans une fosse d’opéra et la mélodie se joue en simultané sur les deux versants de la colline. Aucun doute possible sur l’identité des interprètes : les œdicnèmes sont de retour. Leurs chants flûtés emplissent l’éther de leurs notes brèves et saccadées dans un écho ininterrompu déjouant même l’oreille la plus habituée, qui jamais ne parvient à localiser ces petits fantômes bavards tapis sur le sol caillouteux de la steppe. Les concertistes sont néanmoins loin d’être au complet. Il faudra attendre encore quelques jours pour cela.
Paru en juin 2014
ISBN : 979-10-93644-00-4
L’ouvrage Premier été est en réalité composé de deux histoires. Le lecteur y verra s’il le souhaite une chronologie et un lien subtil entre les deux.
Premier été : Quentin vient d’achever son cursus universitaire en décrochant son doctorat de géographie. Juillet arrive. Pour ses premières vacances le jeune homme décide de traverser la France pour rejoindre l’Océan Atlantique. Il fait une étape en Charente. Deux nuits, tout au plus, pense-t-il. C’était sans compter sur le charme de la petite localité de Mourillac, son calme, son théâtre antique et surtout le charme de la belle Angélyne.
28 septembre entraîne le lecteur dans un autre voyage jusqu’en Charente Maritime. Dans la petite cité de Talmont, un pêcheur remonte dans son carrelet une bouteille contenant une lettre. C’est à l’auteur de cet ouvrage qu’il remet la missive, ouvrant ainsi toutes les portes de son imaginaire pour refaire le chemin de la mystérieuse expéditrice jusqu’à se fondre en elle.
Deux belles histoires d’amour réunies dans un même ouvrage avec en toile de fond les paysages empreints de douceur de la Charente. Une douceur et une poésie qui se retrouvent au fil des pages.
Extraits
Premier été : Mue à son tour par une irrésistible envie de laisser exploser l’énergie qui l’envahissait, elle se lança dans la descente. D’abord hésitante, elle dut se plier aux lois de la gravité qui l’entraînaient irrémédiablement et prit à son tour plaisir à dévaler la pente abrupte. Un même sentiment de liberté que celui qui avait saisi Quentin s’emparait d’elle. Il y avait longtemps qu’elle ne s’était pas ainsi laissée emporter, ne pensant à rien, ne redoutant rien. Ses jambes de toute façon ne pouvaient plus s’arrêter, la vitesse l’entraînait. Vite. Trop vite. Alors pour essayer de freiner un peu l’allure, pour éviter que ses pieds ne finissent par s’emmêler, elle se mit à caracoler par bonds successifs ce qui eut pour effet de soulever devant elle des nuées d’insectes et de papillons multicolores. Les herbes folles et les fleurs sauvages chatouillaient ses pieds nus dans les sandalettes ouvertes. Elle ne quittait plus des yeux le jeune homme qui se tenait, tout en bas, comme le terminus obligé de sa course. Amusé par l’audace de sa compagne, celui-ci déjà ouvrait ses bras, prêt à l’accueillir. Calculant la trajectoire, il avait anticipé le point de chute probable et quand Angélyne déboula sur la plate-forme de l'orchestra, à peine essoufflée mais riant de bon cœur, elle n'eut d'autre choix que celui de s’engouffrer dans l’entonnoir qui s’offrait à elle et de s’y laisser complètement aller. Quentin n’attendait que cela. Il l’enserra solidement et, dans la foulée, la souleva et l’entraîna dans un tourbillon où il tourna avec elle, dans le même élan. La jeune fille se laissa porter, virevolter, son rire fusa en joyeuses cascades et Quentin, séduit par cet éclat frais et spontané, riait aussi. Après encore deux tours sur eux-mêmes toujours en riant, il déposa son plaisant fardeau sur la terre ferme. Étourdie et flageolante, Angélyne dut se retenir fermement à son compagnon au risque de le faire basculer aussi. Mais très vite, Quentin rétablit son équilibre et reprit ses esprits. Pour la première fois de sa vie, une fille lui tombait littéralement dans les bras ! Il ne réfléchit pas davantage et alors qu’elle n’avait pas complètement repris possessions de ses moyens Angélyne sentit sur ses lèvres un souffle tiède et léger, une pression d’abord timide qui se fit plus insistante et se prolongea en un tendre baiser.
28 septembre : Je suivis le chemin abrité qui se coulait sous les tamaris et les pins parasols, lesquels pour se protéger des vents avaient oublié de grandir. Je devais par endroits courber le dos et baisser la tête pour éviter les branches basses. J’arrivai enfin sur le flanc ouest de l’église, toujours aussi belle avec ses rondeurs typiquement romanes, sa couverture de tuiles roses et la blancheur de ses pierres calcaires doucement éclairées par le soleil d’automne. Dans le petit cimetière, les roses trémières, sans appui ni entrave, frémissaient sous la brise légère. L'automne et ses rafales ne tarderaient pas, hélas, à les coucher au sol. Dans un buisson, un pinson lança soudain ses trilles joyeuses. Automne ou printemps ? Il n’y avait pourtant pas d’erreur possible. Nous étions fin septembre. C’était vraiment une belle journée d’automne.
ISBN : 978-2-35168-391-0
Date de parution : Juin 2011
Le tilleul de l’histoire s’élève depuis plus de cent ans dans le jardin de la maisonnette aux volets verts. Quand une jeune fille s’installe dans cette maison abandonnée depuis des années, elle perçoit l’âme du beau centenaire. Elle va se lier d’amitié avec lui et rencontrer sous son ombre tous ceux qui l’ont précédée ici, car si les hommes ont oublié d’où il venait, lui se souvient. Sa mémoire s’est inscrite au fil des années dans les cercles de sa vie et quand le souffle du vent agite ses feuilles tendres ce sont des murmures d’âmes qui se réveillent et remplissent l’air de leurs confidences secrètes. De rencontres en rencontres, viendra celle, improbable, hors du temps, avec un petit garçon qui lui aussi a aimé se poser sous le tilleul, il y a de cela des années. Le vieil arbre spectateur va se faire le témoin de cette rencontre et de cette amitié qui dépassent le temps et tout ce que les hommes peuvent imaginer. Mais on l’a dit, seul les arbres peuvent se faire passeurs de temps et de mémoire sans se poser plus de questions. L’émotion n’est pas en reste dans ce petit livre qui autorise toutes les lectures et relectures.
Extrait : En ce début juin, annonciateur d’un bel été, le jardin de la petite maison aux volets verts livre son abandon
aux fleurs qui piquent çà et là sa pelouse désordonnée et aux oiseaux qui s’activent pour quérir leur pitance et celle de leur
progéniture. Sous ses airs de géant impassible, de père tranquille régnant sur son petit monde, le tilleul est en transe. Sa frondaison
palpite. Des milliers d’insectes, réveillés par les tièdes rayons jouant à travers le feuillage léger, se croisent
et s’interpellent dans un vrombissement dont ils sont les seuls à connaître les codes, passant et repassant tels des bolides sur des autoroutes invisibles.
Adossée à l’écorce rugueuse, attentive à tous ces bruits, à tous ces remous d’une nature vivante qui ren- dent le silence perceptible, la
petite reste pensive. Elle se sent si bien contre le tronc du vieil arbre dont l’écorce craquelée et
boursouflée de toutes parts ne laisse rien deviner de la douceur de son aubier clair et lisse. Un tronc tellement démesuré qu’une vingtaine
d’enfants se donnant la main suffirait tout juste à l’en- serrer dans leur ronde. À hauteur d’homme, une énorme verrue,
grise, difforme, a poussé, à la place d’une branche que l’on avait pris soin de couper pour donner au fût plus de vigueur. À l’endroit de la mutilation, la cicatrice
avait enflé au point de prendre l’aspect d’un visage grimaçant, qui effrayait la petite lorsqu’elle était encore enfant. Elle l’imaginait
appartenir à une sorcière ou à un esprit malveillant qui aurait trouvé refuge dans l’arbre solitaire.
En grandissant, pour conjurer ses craintes, il lui arri- vait de se poster devant la face bouffie, et, bravement, d’en scruter chaque partie : le nez
crochu, la bouche édentée, et cet œil qui ne vous lâchait pas quel que soit votre déplacement. À l’école, la maîtresse avait expliqué que La Joconde, une jeune femme très belle dont le
por- trait avait été réalisé par un certain Léonard de Vinci,
avait la particularité de vous suivre ainsi du regard. Le visage du tilleul n’avait certes rien d’une œuvre d’art, mais la fillette aimait s’essayer à ce petit
jeu, s’amusant à chaque fois de voir l’illusion se répéter. Et c’est comme cela, qu’au fil des ans, elle avait fini par apprivoiser cet être étrange, pour ne plus du tout en avoir
peur.